« Une école peut offrir un milieu, un climat harmonieux, plus fertile que toute autre influence à elle seule, tellement fertile que pendant au moins six heures par jour, il peut éclipser presque tout le reste dans la vie des enfants » [Traduction]

– Edmonds, Ronald R.
« Characteristics of Effective Schools » .

Afin d'encourager les comportements positifs et de réagir aux comportements problématiques, songez à modifier l'environnement : les horaires, les déplacements dans l'école, les activités courantes, les procédures, ainsi que les processus et le matériel pédagogiques. Par exemple, interdisez l'accès aux zones problématiques à certains moments de la journée ou augmentez la surveillance de ces endroits. Ou encore, modifiez le moment de transition entre les cours selon le niveau scolaire afin de réduire le nombre d'élèves circulant dans les couloirs au même moment.

Déterminez dans quelles zones il est plus probable que des comportements négatifs se produisent et cherchez ensuite des moyens originaux et simples de restructurer l'environnement physique de manière à le rendre plus sécuritaire et plus ordonné pour tous. Les solutions peuvent être simples, par exemple, préparer des insignes d'identité et attribuer les places dans le coin-repas ou la cafétéria, ou poser des nouveaux supports à bottes près de l'entrée.

La majorité des problèmes de comportement surviennent pendant les moments moins structurés et dans les grandes zones communes comme la cour d'école ou les couloirs. Les écoles peuvent éliminer un grand nombre de ces difficultés en assurant de manière plus stratégique une surveillance adulte des activités et des espaces ciblés.

La surveillance en tant qu'activitÉ dynamique

Il est important d'accroître la surveillance adulte. Les adultes chargés de cette tâche doivent comprendre les règles de l'école, être d'accord avec elles et être capables d'offrir un enseignement, un suivi et une rétroaction positive au sujet du respect des règles dans tous les espaces scolaires. La surveillance doit être un processus délibéré et actif.

Une surveillance active nécessite :

  • de se déplacer;
  • de balayer les lieux du regard;
  • d'établir un contact positif;
  • d'offrir un renforcement positif;
  • d'enseigner de façon ponctuelle les habiletés sociales;
  • d'appliquer des conséquences immédiatement en cas de comportement négatif.
Tool Afin d'aider le personnel à acquérir des aptitudes de surveillance active, envisagez de les former à adopter et à mettre en pratique ces aptitudes. Utilisez ensuite l'observation par les pairs pour obtenir de la rétroaction. L'outil 1, Rétroaction relative à l'observation de la surveillance active, peut être utilisé par les surveillants pour s'observer mutuellement et se donner de la rétroaction.

Rester en mouvement2

Les surveillants devraient se déplacer constamment, ce qui donnera aux élèves l'impression que les adultes sont partout en même temps. Le déplacement constant permet également au personnel d'avoir davantage de contacts positifs avec un plus grand nombre d'élèves, de les aider à maîtriser leurs comportements et de les encourager à agir correctement. Les déplacements devraient être planifiés, constants et délibérés, à moins qu'il ne soit nécessaire de prêter attention ou d'intervenir à un endroit donné. Visez le plus souvent possible les endroits, les activités et les personnes qui posent problème.

Le personnel a besoin d'un plan pour guider ses activités de surveillance. Par exemple, « Effectuer deux fois un parcours en forme de huit dans la cour d'école, à moins de cinq minutes d'intervalle. » Cependant, certains élèves peuvent profiter d'un plan de surveillance trop prévisible pour mal se comporter. Modifiez le trajet de vos déplacements pendant la journée et d'une journée à l'autre.

Promener son regard sur les lieux pour élargir le « rayon de surveillance »2

Les zones communes comme les couloirs, la cafétéria, la cour d'école et le gymnase sont des endroits difficiles à surveiller de façon efficace. Les endroits éloignés, sombres ou cachés sont également un défi.

Durant la surveillance des zones communes, le personnel doit pouvoir balayer du regard les espaces les plus éloignés et reconnaître les signes ou les sons pouvant indiquer un comportement problématique.

  • Maintenez un mouvement visuel constant, que vous restiez sur place, que vous marchiez ou que vous parliez. Déplacez votre champ de vision et prêtez attention aux indices visuels de problèmes de comportement. Ce type de balayage augmente les chances d’établir un contact plus naturel et plus positif, comme saluer les élèves, avoir de brèves conversations et reconnaître les comportements positifs. Il vous permet également d’établir un contact visuel avec les élèves qui ne sont pas à proximité, ainsi que de sourire et de saluer de la main les élèves qui ont un comportement positif.
  • Observez le comportement des élèves, pas seulement leurs jeux ou leur apparence physique. Tentez de déceler les indices contextuels, physiques ou comportementaux subtils qui peuvent être des signes de difficulté.
  • Observez la situation dans son ensemble, pas juste un élève ou une activité, mais le plus grand nombre possible. Sur le terrain de jeu, prêtez attention aux comportements individuels au lieu de regarder la partie.
  • Reconnaissez et prêtez attention aux signes qui sont généralement associés à un comportement négatif. Prêtez attention aux jeux qui cessent sans raison apparente; aux élèves qui froncent les sourcils et qui gesticulent, peut-être de colère; aux élèves qui semblent s'éloigner d'un camarade ou d'un groupe de camarades; aux gestes rapides et brusques sans raison apparente; à une personne qui se sauve en courant d'un camarade ou d'un groupe de camarades sans que cela ne semble faire partie d'un jeu; aux regards apeurés; à une personne qui montre son poing ou qui fait un geste obscène.
  • Soyez à l'écoute. Les indices verbaux peuvent également indiquer un comportement négatif. Tout en balayant les lieux du regard, cherchez à entendre les tons de voix colériques ou plaintifs, les chicanes ainsi que les voix paniquées et autoritaires ou les ordres.
  • Déterminez les endroits ou les situations pouvant être problématiques et observez-les souvent. Par exemple, si la pratique du ballon captif donne lieu à de l'agression verbale et physique, les surveillants doivent garder ce jeu à l'oeil et être à l'affût des signes avant-coureurs. (Est-ce que la partie est arrêtée? Est-ce qu'une personne tient le ballon et empêche les autres d'y toucher?) Le personnel peut analyser les données fournies par les surveillants afin de déterminer où sont les espaces problématiques, car ceux-ci changeront au fil de l'année scolaire.
  • Déterminez les situations qui peuvent précéder un comportement problématique. Un comportement problématique, tel que l'agression, est généralement précédé d'une dispute, d'un jeu rude, d'une grande agitation, d'une conduite anti-sportive et d'une compétitivité excessive. Les surveillants qui reconnaissent ces signes avant-coureurs et qui renforcent immédiatement le comportement approprié peuvent souvent empêcher la situation de se détériorer.
  • Établissez et révisez les limites physiques. Indiquez clairement les endroits que les élèves peuvent fréquenter librement. Envisagez de réviser les limites établies afin de permettre une surveillance adéquate. Par exemple, si la population de l'école a diminué, il pourrait ne pas être nécessaire ou être impossible de surveiller de vastes sections de la cour d'école. Envisagez de choisir une aire de jeu et de rendre les endroits plus éloignés inaccessibles pendant les récréations et le dîner.
  • Déterminez quels endroits les surveillants ne peuvent généralement pas voir et assurez-vous qu'ils sont surveillés périodiquement. Ces endroits peuvent inclure les toilettes, les couloirs inutilisés et les terrains de stationnement.
  • Sachez quels élèves sont reconnus comme éprouvant des difficultés particulières. Abordez ces élèves de façon toute simple pour leur faire des commentaires et prévenir les problèmes.
  • Réduisez le temps passé à gérer les comportements problématiques. Les surveillants doivent tirer le maximum de leurs déplacements et de leur observation. Si un problème ne peut être résolu en moins de deux minutes, il faut le référer à la direction (selon sa gravité) ou à un autre endroit établi à l'avance. Si le problème n'est pas grave et que sa résolution peut attendre, retardez une longue intervention jusqu'à ce que les élèves retournent en classe ou à d'autres activités structurées.

Par exemple, l'enseignant responsable de la surveillance peut remettre à l'élève (ou au titulaire de classe) un billet de conséquence indiquant un moment pour poursuivre la discussion. Le surveillant peut alors finir de corriger l'élève en privé sans perturber les activités de surveillance. Après avoir cerné le problème, résolvez-le ou corrigez-le de façon prompte, juste, uniforme et de la manière la plus discrète possible. Ensuite, passez à autre chose.

Rester positif

Le personnel scolaire doit activement rechercher et offrir des occasions d'établir un contact positif avec les élèves. Le contact positif fait porter l'attention sur les comportements positifs et accroît la possibilité qu'ils se produisent, tout en faisant diminuer l'incidence des comportements inappropriés.

Ne présumez pas que tous les contacts positifs doivent être le résultat d'un comportement particulier ou y être associés. Adoptez volontairement un comportement amical, serviable et ouvert qui communique la bienveillance, la confiance et le respect. Un contact positif peut s'exprimer aussi simplement que par une salutation : « Bonjour Patrick. Je suis contente de te voir. »

Augmenter les contacts positifs donne au personnel davantage d'occasions de faire des rappels discrets ou d'émettre des « corrections par anticipation » pour aider les élèves à « apprendre à bien se comporter ».

Par exemple, le moment juste avant le dîner est idéal pour rappeler aux élèves de ramasser les déchets. « Quand tu seras dans la cafétéria ou le coin-repas aujourd'hui, n'oublie pas de ramasser tes déchets. La cafétéria et le terrain de l'école ont l'air pas mal propres ces jours-ci. Essayons de collaborer pour que notre école reste verte et propre. »

Juste avant de laisser partir les élèves du deuxième cycle du secondaire, l'enseignant pourrait rappeler à ceux qui possèdent un véhicule de conduire prudemment. « Si tu conduis, sois prudent dans le terrain de stationnement. Cela veut dire prendre ton temps, faire attention aux piétons et aux autres véhicules, être courtois envers les autres conducteurs et ralentir. Rentre bien chez toi. »

Renforcer, renforcer, renforcer

Contrairement au contact positif, le renforcement positif est lié directement au comportement particulier d'un élève. C'est-à-dire que l'élève doit présenter un comportement particulier auquel correspond un renforcement dont l'école a décidé. Par exemple : « Patrick, j'ai vu que tu as aidé Suzanne à ramasser les livres qu'elle a échappés; tu as fait preuve de considération. Cette action va faire une différence dans sa journée. » Le commentaire devrait décrire clairement le comportement qui est renforcé.

Renforcez le comportement observé immédiatement ou aussitôt que possible. Un délai entre le comportement et le renforcement réduit l'efficacité de l'intervention, et l'élève risque d'associer le renforcement à un autre comportement que celui visé.

Il faut s'efforcer de formuler de manière uniforme les renforcements positifs et les interventions visant à corriger le comportement.

Demandez à différents membres du personnel de renforcer périodiquement certains types de comportements, dans différents environnements.

Respectez la règle du rapport quatre pour un, c'est-à-dire cherchez à faire quatre commentaires positifs pour chaque énoncé négatif ou correctif. Un taux élevé de renforcement positif augmente la probabilité que les élèves adoptent le comportement positif visé.

Répondre par l'enseignement

La surveillance active procure des occasions d'enseigner un comportement positif aux élèves ou à de petits groupes d'élèves. Les surveillants doivent réagir immédiatement à un comportement inapproprié, sans discuter ou critiquer, mais en procédant à un enseignement par étape et en fondant l'intervention sur une compréhension claire et commune des attentes en ce qui concerne le comportement en question.

Par exemple, un surveillant pourrait répondre comme suit lorsqu'un élève court dans le couloir.

  1. Attirer l'attention de l'élève de façon discrète.
    (« Jacob, attends une minute. »)
  2. Préciser à l'élève quel est le comportement attendu.
    (« Dans les couloirs, tu dois marcher du côté droit en regardant devant toi afin de voir les autres élèves. »)
  3. Faire une démonstration du comportement attendu.
    (« Voici comment il faut faire quand tu marches dans le couloir : à peu près à cette vitesse, et tu dois rester dans la voie. »)
  4. Demander à l'élève de reproduire le comportement montré.
    (« Maintenant, montre-moi que tu as compris. S'il te plaît, marche jusqu'au bout du couloir et reviens. »)
  5. Féliciter l'élève pour avoir montré qu'il a bien appris le comportement enseigné.
    (« C'est ça. Ceci est plus sécuritaire et pas trop rapide. Bon travail. »)
  6. Si cela est nécessaire, enseigner de nouveau ce comportement.
    (« Tu dois ralentir et rester du côté droit afin d'éviter les accrochages. Essaie de nouveau. »)
  7. Evaluer dans quelle mesure l'élève maîtrise ce comportement en l'observant pendant les activités courantes.
    (Le lendemain, en se rendant à la cafétéria, « Bonne démarche dans les couloirs Jacob. C'est bien de surveiller où sont les autres personnes. »)

Bien que ce type d'enseignement soit sans formalité, les enseignants chargés de la surveillance peuvent noter les incidents observés afin de suivre les progrès ou de faire un suivi.

Donner des conséquences négatives promptement

Un comportement négatif grave nécessite une conséquence négative. Demandez au personnel de se mettre d'accord sur les conséquences au préalable.

To deliver negative consequences effectively and efficiently:

  • Prendre l'élève à part. Dans la mesure du possible, éviter de réprimander ou d'embarrasser l'élève devant ses pairs.
  • Décrire le comportement problématique de façon calme et professionnelle et mettre l'accent sur le comportement approprié. Éviter de se laisser entraîner dans un argument.
  • Demander à l'élève d'indiquer quel comportement serait approprié dans les circonstances. S'il en est incapable ou refuse de le faire, lui indiquer le comportement approprié et lui demander de répéter ce que vous avez dit.
  • Si possible, donner à l'élève une occasion de faire une démonstration du comportement approprié et de le mettre en pratique. Les conséquences sont des occasions d'enseigner un comportement plus approprié.
  • Dire à l'élève quelles sont les conséquences réglementaires de l'école et les mettre en pratique immédiatement ou dès que possible.

Par exemple, si un élève du premier cycle du secondaire se trouve dans le couloir alors qu'il devrait être en classe et qu'il tente d'attirer l'attention d'un camarade qui se trouve dans la classe, l'enseignant qui intervient pourrait dire : « Élise, quitter la classe quand tu en as besoin est un privilège. C'est décevant que tu utilises ce privilège pour déranger les autres. Tu connais la conséquence associée à ce comportement. Je vais avertir tous tes enseignants et, pendant une semaine, tu ne pourras pas quitter la classe durant les cours. »

« N'oublie pas de parler de cet incident à tes parents. Je vais leur écrire dans le courant de la semaine pour les aviser de la situation. J'espère que tu profiteras de cette occasion pour discuter avec eux de ton engagement envers l'apprentissage. »

2. Adapté avec permission de Jeff Sprague et Annemieke Golly. Best Behavior: Building Positive Behavior Support in Schools, Longmont (CO), Sopris West, 2005, p. 74, 76–78.