Le cycle de l'escalade


Certains élèves éprouvent de la difficulté à reconnaître les évènements qui déclenchent leur comportement problématique et par conséquent, ils ont une capacité limitée à empêcher ce comportement de s'aggraver. D'autres peuvent être capables de reconnaître le cycle de l'escalade, mais choisissent tout de même de se comporter de manière inappropriée. Les enseignants doivent comprendre le cycle de l'escalade et acquérir des compétences pour gérer les situations explosives de façon proactive.

Le cycle de l’escalade5

Le meilleur moment pour enseigner un comportement nouveau ou de remplacement est lorsque l'élève se trouve dans la phase calme du cycle illustré ci-dessus. Les élèves peuvent mettre ce comportement en pratique dans le cadre de jeux de rôles, et ensuite l'utiliser dans des situations réelles.

Exemples de stratégies pour désamorcer les situations conflictuelles

  • Utiliser des techniques de réduction du stress brèves et simples avant de réagir à une remarque ou à un comportement.
    Par exemple, inspirer plus profondément que d'habitude et expirer lentement. Cette technique a également l'avantage de procurer du temps supplémentaire pour planifier une réponse appropriée.
  • Répondre à l'élève sur un ton neutre, professionnel et calme.
    Les gens interprètent souvent leurs états émotifs en fonction de leurs propres indices comportementaux. Parler calmement est plus susceptible de vous aider à croire que vous êtes calme (et à agir calmement), même si vous êtes dans une situation stressante.
  • Les réponses doivent être brèves.
    Les réponses brèves donnent moins de contrôle aux élèves sur l'interaction et elles peuvent également empêcher de récompenser accidentellement le comportement négatif d'un élève en lui donnant trop d'attention.
  • Utiliser des techniques bien planifiées et positives pour interrompre l'escalade de la colère d'un élève.
    Ces types de tactiques ont le potentiel de transformer une confrontation potentielle en une conversation productive. Les tactiques d'interruption doivent être positives et respectueuses, comme détourner l'attention des élèves des conflits en attirant leur attention vers des activités ou sujets plus positifs.
  • Essayer de reformuler les points essentiels des préoccupations d'un élève.
    Beaucoup d'élèves ne possèdent pas les aptitudes nécessaires pour négocier efficacement avec les adultes. Il en résulte que les élèves peuvent se fâcher et être sur la défensive lorsqu'ils veulent se plaindre à l'enseignant, même lorsque la plainte est fondée. Montrez que vous cherchez à comprendre l'inquiétude de l'élève en résumant les points cruciaux de sa préoccupation à l'aide des mots de l'élève. Utilisez des phrases comme, « Laisse-moi m'assurer que je comprends bien... », « Est-ce que tu me dis que... », « Il me semble que tes préoccupations sont... ». Écouter activement en utilisant la reformulation indique un respect pour les points de vue des élèves et peut aider à améliorer la compréhension de leur problème.
  • Utiliser des questions ouvertes pour mieux comprendre la situation problématique et trouver des
    solutions.

    Demander qui, quoi, où, quand et comment, par exemple, « Qu'est-ce qui t'a choqué quand tu as parlé avec Serge? » et « Où étais-tu quand tu as réalisé que tu avais égaré ton livre de science? » En général, il faut éviter de demander « pourquoi », car l'élève perçoit ce genre de questions comme un blâme (p. ex., « Pourquoi t'es-tu battu avec Jean? ») Certains élèves peuvent également devenir encore plus frustrés de se faire demander « pourquoi », car ils ne sont peut-être pas en mesure de répondre à ces questions.
  • Utiliser des stratégies non verbales pour désamorcer les confrontations potentielles.
    Lorsque deux personnes se disputent, elles adoptent souvent de façon inconsciente la posture émotionnelle de l'autre. Par exemple, pointer du doigt lorsque l'autre personne pointe du doigt, être debout lorsque l'autre personne est debout, etc. Afin de faire baisser la tension lorsqu'un élève est visiblement agité, il faut s'asseoir à côté de l'élève
    (une posture moins menaçante) au lieu de rester debout.
  • Poser la question suivante à l'élève : « Est-ce que nous pouvons arriver à nous entendre pour que tu coopères? »
    Un tel énoncé traite l'élève avec dignité, montre que la négociation est un moyen positif de résoudre les conflits et indique votre volonté de garder l'élève dans la salle de classe. Il offre également à l'élève une dernière chance de résoudre le conflit et d'éviter d'autres conséquences plus graves. Lorsqu'on leur pose ce type de questions, les élèves trouvent souvent de bons moyens de résoudre le problème.

Faire face au comportement agressif et destructeur

Tout élève peut à l'occasion devenir agressif et refuser d'adoucir son comportement ou de se retirer d'une situation. Dans ce cas, le niveau d'appui et d'intervention doit être intensifié ou modifié d'une certaine façon. En attendant, les autorités scolaires ont besoin de politiques sur la manière de réagir lorsque les élèves profèrent des menaces ou se placent eux-mêmes, ou d'autres, en danger. Idéalement, ces procédures sont personnalisées afin de les adapter au profil comportemental de divers élèves dont les antécédents suggèrent qu'ils risquent de devenir agressifs.

Afin de veiller à la sécurité de tout le monde à l'école, les enseignants et les autres membres du personnel scolaire doivent procéder comme suit :

  • mettre au point un plan de renforcement du comportement qui permet de résoudre systématiquement les comportements préoccupants (consulter les pages 75 à 83);
  • se concentrer sur la prévention et le développement de comportements positifs comme moyens de remplacer les comportements négatifs;
  • planifier la façon de faire face aux situations pouvant constituer un risque pour l'élève ou ses camarades (p. ex., retirer l'élève concerné ou les autres élèves de la situation);
  • fournir une formation pertinente au personnel qui est appelé à intervenir, et exiger qu'il utilise une intervention immédiate sans violence;
  • inclure un plan de communication dans les plans individuels de renforcement du comportement et s'assurer que ce plan comprend ce qui suit :
    • le personnel en classe a une communication directe avec le personnel administratif (p. ex., système d'intercommunication ou téléphones cellulaires), grâce à des codes de communication qui correspondent au type d'aide dont ils ont besoin;
    • un processus de communication pour mettre les parents au courant de ce qui s'est passé.

Facteurs sociaux

Certains élèves adoptent des comportements difficiles à cause de situations qui les touchent à la maison ou dans leur communauté. Ces situations sont généralement au-delà de l'influence de l'école. Il est souvent impossible ou inapproprié (pour des raisons de confidentialité) pour le personnel scolaire d'avoir des renseignements précis au sujet des circonstances familiales des élèves. Cependant, lorsque le personnel essaye de comprendre les difficultés comportementales des élèves, il peut trouver utile d'envisager de façon générale comment des facteurs liés à la famille et à la communauté peuvent influencer le
comportement des élèves.

Les facteurs familiaux peuvent comprendre :

  • les personnes qui habitent au domicile de l'élève comme ses parents, le conjoint d'un parent, ses frères et sœurs, la famille élargie;
  • les frères et sœurs, l'ordre de naissance et les rivalités possibles;
  • la stabilité de la vie familiale;
  • les situations d'emploi, par exemple, un ou les deux parents qui travaillent à l'extérieur de la ville pendant de longues périodes;
  • des facteurs de stress familial comme la toxicomanie ou les difficultés financières;
  • la disponibilité d'un soutien familial, par exemple, quelqu'un qui prépare les dîners ou qui aide avec les devoirs;
  • des évènements traumatisants récents comme un décès, un divorce ou une séparation;
  • la discipline et la structure parentales à la maison, ou le manque de celles-ci;
  • la santé physique et mentale des parents et des membres de la famille, par exemple, la dépression ou des blessures graves.

Les facteurs communautaires comprennent :

  • les groupes de pairs : qui ils sont et s'ils partagent des champs d'intérêt communs avec
    l'élève;
  • les activités parascolaires disponibles;
  • la surveillance dans la communauté;
  • la stabilité de la communauté;
  • l'abus de drogues ou d'alcool;
  • des facteurs culturels comme les problèmes ethniques.

Comportement d'intimidation

Des travaux de recherche récents effectués par Tanya Beran à l'Université de Calgary (2005) portaient sur la relation entre l'intimidation et les comportements problématiques. Beran a observé que les élèves qui intimident, menacent et harcèlent régulièrement et fréquemment leurs camarades ont beaucoup plus de problèmes de comportement que ceux qui font moins souvent d'intimidation. Un comportement d'intimidation fréquent est associé à d'autres types de comportements manifestes, notamment :

  • déranger les autres;
  • inciter à la bagarre;
  • se fâcher rapidement;
  • refuser de suivre les règles.

De plus, les élèves qui intimident souvent les autres sont moins susceptibles d'accepter la responsabilité des problèmes dans lesquels ils jouent un rôle et ils sont plus susceptibles de percevoir l'autre personne comment étant « la cause du problème » ou « méritant ce qu'elle a reçu ».

D'autres problèmes socioémotionnels observés chez les élèves qui intimident fréquemment les autres incluent notamment :

  • la dépression;
  • l'anxiété;
  • la peur;
  • des difficultés liées aux habiletés sociales.

Les difficultés scolaires observées chez ce groupe d'élèves incluent :

  • une faible concentration;
  • une faible réussite;
  • l'absentéisme.

Fonctions du comportement d'intimidation

Il est possible que les élèves qui intimident souvent les autres le fassent pour des raisons différentes des élèves qui intimident peu souvent les autres. Les élèves qui intimident continuellement les autres peuvent ressentir l'un des besoins suivants :

  • exercer un contrôle;
  • obtenir de l'attention;
  • être le gagnant de toutes les interactions avec les camarades.

Le renforcement positif que procure l'attention des spectateurs contribue au maintien et à l'accroissement des comportements d'intimidation. Ce comportement peut également être lié à la dépression lorsqu'un élève réalise que ses camarades le respectent parce qu'ils ont peur de lui, mais qu'ils ne l'apprécient pas vraiment. Les élèves qui intimident leurs camarades peuvent ne pas avoir de sentiment d'appartenance à leur école et ce sentiment peut être aggravé par des difficultés supplémentaires d'apprentissage, d'attention et d'adaptation. Par contre, les élèves qui ne manifestent pas de comportement d'intimidation ont tendance à avoir des habiletés sociales et des aptitudes à l'apprentissage plus fortes; de plus, ils ont acquis les aptitudes à la négociation et à la médiation qui sont nécessaires pour réussir à s'adapter dans des situations sociales et scolaires.

Interventions visant à réduire le comportement d'intimidation

Les élèves qui intimident souvent les autres ont besoin d'un encadrement ciblé pour apprendre des comportements de rechange à leurs comportements agressifs. Ils peuvent également avoir besoin d'interventions plus soutenues comme une formation pour acquérir des aptitudes à s'adapter et à se faire des amis, de même que l'appui de leur famille. Les techniques de prévention de l'intimidation qui visent à informer du tort que cause l'intimidation seront inefficaces chez l'élève qui intimide fréquemment les autres. Celui-ci aura plutôt besoin d'un appui personnalisé soutenu pour l'aider à améliorer ses habiletés sociales et à mieux maîtriser ses émotions.

Facteurs neurologiques

Certains élèves ont un comportement difficile puisqu'ils ne possèdent pas les connaissances ou les aptitudes dont ils ont besoin pour mieux se comporter. Ces élèves peuvent ne pas savoir comment répondre aux attentes comportementales, ou avoir de la difficulté à s'y conformer parce qu'ils ont des troubles neurologiques comme des troubles d'apprentissage, le trouble d'hyperactivité avec déficit de l'attention (THADA), le trouble du spectre de l'alcoolisation fœtale (TSAF), des troubles du spectre autistique ou la maladie mentale.

Afin de mieux comprendre comment les incapacités des élèves peuvent nuire à leur apprentissage et à leur comportement, consulter les ressources suivantes d'Alberta Education.

5. Reproduced with permission from Geoff Colvin, Eugene, OR: Behavior Associates, 2004), Figure 2.1, p. 12. with permission from Becky Bailey, 7 Skills Poster Set (Oviedo, FL: Loving Guidance, 2003), www.ConsciousDiscipline.com.