Phases de l’apprentissage du français chez les jeunes enfants multilingues

Les phases de l’apprentissage s’étalent sur les 5 paliers des seuils repères. Les seuils repères pour la francisation au préscolaire ont été élaborés par des éducateurs et des enseignants francophones de l’Alberta spécialistes de la petite enfance. Ces seuils repères :

  • sont adaptés au niveau développemental de l’enfant de 3 ou 4 ans;
  • tiennent compte de l’envergure des progrès qu’un jeune enfant peut faire en français dans le cadre d’une programmation qui se limite à quelques demi-journées par semaine;
  • décrivent le développement de la compréhension et de l’expression orales des jeunes enfants en francisation.

Voir aussi le document Description des phases de l’apprentissage du français chez les jeunes enfants multilingues qui pour chaque phase présente le comportement linguistique typique des enfants et des idées pour appuyer l’apprentissage du français.

Première phase – ­éveil (paliers 1 et 2)
Dans cette phase, on pourrait observer chez les jeunes enfants :

  • L’utilisation de la langue dominante
    Il est important de créer un milieu où l’enfant ressent le besoin de parler en français. S’il sait qu’il peut se débrouiller en parlant anglais (ou une autre langue), il risque de ne pas s’efforcer de parler français.
  • Une période non verbale
    Dans un nouveau milieu linguistique, il est possible que les jeunes enfants ne s’expriment dans aucune langue ou qu’ils ne parlent que très peu pendant quelques semaines, voire des mois. En faisant en sorte que les jeunes enfants ont beaucoup d’occasions naturelles de communiquer, en les encourageant et en célébrant leurs tentatives et les risques qu’ils prennent pour parler, on peut les aider à mieux traverser cette période de silence.
  • L’utilisation de phrases toutes faites
    L’utilisation par les enfants de petites expressions courantes et des formules de politesse est importante, car elle facilite l’interaction sociale avec les adultes et les autres enfants de leur milieu.

Deuxième phase – développement (paliers 2 à 4)
Lors de cette phase, les jeunes enfants commencent à s’exprimer spontanément en apprenant la syntaxe française. Ils font des « hypothèses » au sujet des règles de la langue française. Les « erreurs » qui en résultent suivent donc une certaine logique :

  • Les erreurs interlinguales
    Ces erreurs sont attribuables à la langue familiale que l’enfant connait déjà. Les erreurs de prononciation sont des erreurs interlinguales courantes, car l’accent repose sur le système phonétique de la langue déjà apprise. Avoir un accent est normal pour les enfants multilingues. Pour que les autres les comprennent, il suffit de les aider à maitriser les phonèmes (les sons) de la langue française.
  • Les erreurs intralinguales
    La plupart des erreurs de tous les jeunes enfants arrivés à ce stade de développement de la langue sont des erreurs intralinguales. Par exemple, ils diront : « J’ai metté mon chapeau. » au lieu de dire : « J’ai mis mon chapeau. »

    Il est important de les corriger immédiatement en leur donnant la bonne forme à utiliser sous forme de phrase figée souvent répétée, p. ex., dans des chansons. Les structures pratiquées seront ainsi correctement « enregistrées » dans le système linguistique des enfants. Par contre, si les enfants répètent leurs erreurs, ce sont ces erreurs qui seront acquises (devenant ainsi « fossilisées »).

  • L’alternance de code
    Ce phénomène s’observe couramment lors de l’apprentissage d’une autre langue, peu importe l’âge de l’apprenant. Le mélange des langues diminue à mesure que le vocabulaire s’enrichit. Toutefois, l’alternance de code ne disparait pas toujours complètement, et c’est d’ailleurs un élément souvent remarqué de la conversation des personnes qui partagent les mêmes langues.

    L’alternance de code permettrait un plus grand pouvoir et jeu d’expression qui peuvent même devenir une marque d’identité ou une « variante » de langue dans certaines communautés ou familles. Tout de même, il est important d’encourager l’acquisition du vocabulaire et du répertoire d’expressions qui permettront aux enfants de passer avec facilité entre les registres informel et formel et ainsi de participer pleinement, à titre de francophones, sur tous les plans de la vie sociale et scolaire.

Troisième phase – extension (paliers 4 et 5)
Dans l’ensemble, les jeunes enfants passeront les premières phases relativement plus rapidement qu’ils ne sortiront de cette dernière, car ils intègrent plus vite le vocabulaire usuel, les expressions figées et les mots se rattachant à la routine et à leurs activités préférées.

Bien que les jeunes enfants arrivent à converser en français assez couramment durant cette phase, cela ne signifie pas pour autant qu’ils en maitrisent toutes les dimensions. En effet, ils font toujours des erreurs de prononciation, de vocabulaire et de grammaire, quoique ces erreurs n’entravent que rarement la compréhension.

Le développement du français prendra plus de temps lorsqu’il s’agira d’un niveau de langue plus complexe et de contextes plus exigeants.

En fait, peu importe la langue en question, les jeunes enfants de 3 à 5 ans ont encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir accéder à un niveau de compétence élevé.

Le développement langagier chez les enfants multilingues

  • Le rythme de développement langagier des enfants unilingues ne peut être considéré comme la norme pour le développement langagier des jeunes enfants qui apprennent plusieurs langues à la fois, tout simplement parce que ces derniers apprennent plus d’éléments en même temps, dans des contextes différents et pour différentes raisons.
  • Chez les enfants multilingues, le développement d’un aspect de la langue peut être plus avancé dans une langue que dans l’autre.
  • Cependant, on constate que lorsqu’il est question de l’ensemble des compétences communicatives et langagières chez les jeunes enfants multilingues, le tout est plus grand que la somme des parties. Ainsi, toute différence observée chez l’enfant multilingue par rapport à l’enfant unilingue s’avèrera moins significative dès que l’on tient compte de l’ensemble des compétences langagières que l’enfant a pu développer dans toutes ses langues (De Houwer, 2009, p. 84; Paradis, Genesee et Crago, 2011).
  • Tout de même, les recherches affirment qu’en moyenne, les enfants bilingues ou multilingues passent par les mêmes étapes de développement langagier que ne le font les jeunes enfants unilingues (De Houwer, 2009; Paradis, Genesee et Crago, 2011).







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